Épicure

Vous aimez profondément ce moment de détente qu’offre le déjeuner. Remplir votre estomac vous procure du plaisir, certes, mais au delà… la convivialité de l’instant flatte votre nature gouailleuse. Vous faites couiner les ressorts de votre pliant (Camif 1974) en remuant votre popotin et attrapez une bribe de conversation en plein vol. Votre ami Mitch est bête, ses blagues lui ressemblent et vous font rire. Vous vous délectez de la joute verbal qui se profile et préparez un de ces traits qui a fait la renommée de votre esprit.

Rah !

Hardi et heureux vous vous rengorgez et jouissez de votre effet, les pouces bien enfoncés dans les crampons de votre ceinture Eagle Eagle Eyes (chérie).

Vous abandonnez un instant la discussion pour reprendre un petit peu d’Anjou rouge 2007. Vous tendez la main vers le flacon de nectar… hésitez, et saisissez la bouteille de Morgon 2008. Ben oui finalement, vous préférez celui là et appréciez la liberté que procure le choix. Le liquide capiteux déferle dans votre bouche, son odeur de sous-bois envahi puissamment votre haut nez. Votre langue claque d’aise.

La discussion dérive vers des histoires de pêts et de princesse qui n’ont pas d’anus (et qui du coup font tout le temps la gueule). L’audacieux sujet. Vous vous apprêtez à surenchérir avec une finesse lorsque votre camembert « Le Rustique » (20% de matière grasse) se détache de votre pain et tombe bêtement sur la pochette serigraphiée de « Since you’re Gone » dernier single de POLKNATION. C’est bête de faire une tâche de gras sur un aussi bel objet ! (Cf Polkradio)

Vous vous resservez compulsivement un verre de rouquin et mangez un cornichon cru. Un reste de gras de jambon subit le même sort, une odeur de café frôle votre narine. Le café ! Vous aimez profondément prendre le café. Pouvoir poursuivre les conversations, les rattraper, les dépasser, les manipuler dans tous les sens. Tordre les mots et les assembler infiniment. Susurrer le mot chat, sucette, soliloque. Rouler le « R » du mot grole, gringo, cornac. Faire gargouiller la tambouille, les poupouilles les cagouilles… ad libidum et spiritus sancto

La toile usé de votre fauteuil camif craque soudainement. vous vous effondrez sur le bitume rugueux.



Les commentaires sont fermés.